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Dans la Notice qui précède le tome XI de cette collection, M. Paul Lacroix, tout en reconnaissant que
, « nombre de passages obscurs du Panégyrique de l’École des Femmes donneraient lieu à des explications piquantes et à des commentaires assez développés »déclarait s’être interdit, en publiant la Collection moliéresque,
.« d’y ajouter des notes là même où elles seraient le plus utiles »
L’excellent bibliophile Jacob se serait assurément départi de cette règle commode, mais trop absolue, pour les Lettres au Mercure, que la mort ne lui a pas permis de réimprimer, et qui font l’objet du présent volume. N’en avait-il pas lui-même annoncé la publication avec une suite de « notes complémentaires attribuées à Boucher d’Argis » ? Nous verrons ce qu’il faut penser de cette attribution, comme de celle des Lettres elles-mêmes à Melle Poisson.
Disons tout d’abord qu’on a trop longtemps exagéré la valeur documentaire de ces Lettres, complaisamment citées comme une source, alors qu’elles ne sont en réalité qu’une compilation de seconde ou de troisième main, faite sans ordre ni méthode, et tellement criblée d’erreurs et de lacunes qu’elle nécessiterait souvent une note plus étendue que le texte même.
La première, Lettre de M** sur la vie et les ouvrages de Molière, occupe 21 pages du Mercure de France d’août 1735. A cette date, tout était nouveau en fait d’histoire théâtrale : le premier ouvrage sur les auteurs et les comédiens, la Bibliothèque des Théâtres, de Maupoint, est de 1733 ; le premier volume de l’Histoire du Théâtre François, des frères Parfaict, paraissait à peine. Le Mercure ne s’est pas imposé grand travail : il a colligé, sans lien ni suite, des extraits de Baillet, de Rapin, de Bouhours, de Despréaux, de Bayle, de Rostaut, de M me Dacier, de Grimarest, de La Bruyère, de Muratori et de Saint-Évremond, et deux
On voit que ce M**pourrait s’appeler « M. Tout-le-Monde ».
Cette lettre a été reproduite en partie dans le Choix des Mercures et autres journaux (tome XXV, p. 65-83). C’est bien de l’honneur qu’on lui a fait là.
La seconde lettre, publiée par le Mercure de mai 1738 (p. 826 à 836), sous le titre de Mémoires pour servir à l’histoire du théâtre, et spécialement à la vie des plus célèbres comédiens, se trouve presque entièrement reproduite dans les Variétés historiques, physiques et, recueil attribué au jurisconsulte Antoine-Gaspard Boucher d’Argis, avocat au Parlement (1708-1780).
La seconde partie du tome I er de ces Variétés
Nous en avons scrupuleusement collationné les 90 pages consacrées à « Molière, aux particularités de sa vie, à ses comédies, aux extraits des divers jugements qu’on en a portés, à la suite des acteurs ou actrices les plus célèbres dont la plupart ont été contemporains de Molière », avec le texte préalablement publié par le Mercure, et notre conclusion peut se résumer en ce dilemme : ou Boucher d’Argis est l’auteur des Mémoires de 1738, — ce qui me paraît très probable, puisqu’il collaborait à cette époque au Mercure, — ou il aurait impudemment copié le Mercure, en se bornant à transposer certains passages.
Ce minutieux travail de comparaison nous a permis de recueillir dans les Variétés historiques quelques particularités de la vie de Molière qui ne se trouvent pas dans le MercureElles valent d’être citées ici, comme appendice au texte qu’on lira plus loin :
Molière, ayant quitté ses études, fut avocat ; quelque tems après, il s’amusa avec quelqu’autres Bourgeois, selon le goût de ce tems-là, et le sien particulier, à représenter des Pièces de théâtre en bourgeoisie, c’est-à-dire
gratis, dans les maisons de quelques particuliers ; mais ses camarades et lui se croyant bons acteurs, ils se mirent à jouer lacomédie pour de l’argent, et ce fut alors que ce célèbre comédien prit le nom de Molière, sans qu’on ait jamais sçû pourquoi.Les succès que Molière avoit sur le théâtre du Palais-Royal furent partagés et souvent diminués même par les farces italiennes de Scaramouche ; elles attiroient la foule qui rioit aussi volontiers pour des grimaces et des singeries, que pour des représentations naïves et sensées.
Il joua toujours dans
l’Etourdile principal rôle, lequel fut rempli après sa mort successivement par les sieursde La Grange, Hubert, Verneuil, (du Croisi, La Torillière, Montménil, et par les Dllesde Brie, du Pin, Raisin, etc.On voit qu’il s’agit ici de la distribution de la pièce jusqu’au XVIII ).esiècle.Le Roi voulut rendre Molière le chef de sa troupe avec six mille livres de pension. Il représenta à Sa Majesté que d’ami de ses camarades il deviendroit leur ennemi, et qu’il aimoit infiniment mieux être leur ami et leur confrère que leur chef. Le Roi admira ce sentiment généreux, et accorda la pension de 6,ooo livres à la troupe entière, dont elle a toujours joui, et qui fut augmentée à la jonction des troupes vers 1680, à 12,000 livre
s Cette pension, qui était de 7,000 livres, fut portée à 12,000 en 1682 seulement. .Il avoit un amour de passion pour son métier, et un zèle ardent pour le divertissement du Public,
dont il étoit très aimé ; il en donna des marques jusqu’à la fin de sa vie. A sa mort, le théâtre fut fermé pendant quinze jour s Six jours seulement. On fit deux relâches, le dimanche 19 et le mardi 21 février, et l’on recommença le vendredi 24 par , et ce ne fut qu’après ce tems-là que la troupe, mortellement affligée, eut le courage de rejouer, car tous ses camarades le regardoient comme leur père commun et leur bienfaiteur. […]le Misanthrope.Il fut inhumé le 20 Février
Le mardi 21 (voir l’acte d’inhumation et la lettre à l’abbé Boyvin, tome XIV de cette collection). dans le cimetière de Saint-Joseph, sa paroisseAide de la paroisse Saint-Eustache, à laquelle appartenait la maison mortuaire de la rue de Richelieu. , rue Montmartre. […]Il ne laissa point d’enfans de Claire-Élisabeth Béjart, sa femme
Point d’enfants mâles, ses deux fils étant morts avant Molière; mais sa fille, Esprit-Madeleine, lui survécut, se maria avec M. Rachel de Montalant, et mourut à Argenteuil en 1723, un demi-siècle après son père. .
Où Boucher d’Argis a-t-il recueilli ces notes, qui manquent parfois d’exactitude, mais dont l’une, relative à Molière directeur, nous paraît particulièrement importante ? Serait-ce un souvenir personnel de M lle Poisson, dont le nom
C’est en effet à M lle Poisson que ces deux lettres ont été jusqu’ici attribuées, non-seulement par M. Paul Lacroix, qui n’a pas été toujours heureux en attributions, mais par M. Eugène Despois, qui, dans le Molière
« quil ne saurait y avoir de doute »
M. Despois, d’ordinaire si prudent et si exact, s’est ici complètement trompé. Il n’a pas pris garde que les frères Parfaict, publiant en le portrait de Molière par M lle Poisson, l’empruntaient au Mercure
Or, La Serre, qui cite M lle Poisson pour le portrait, l’aurait aussi bien citée pour les autres passages de ses Mémoires,
De plus, M. Despois, s’appuyant sur une erreur de Jal (article Poisson de son Dictionnaire), a fait mourir M lle Poisson à l’âge de quatre-vingt-dix ans. L’acte d’inhumation, du 13
La fille de Du Croisy était, il est vrai, retirée du théâtre depuis 1694 ; mais son mari, Paul Poisson, appartenait encore à la Comédie-Française en 1718, au moment où Jean-Louis-lgnace de La Serre y faisait recevoir, répéter et représenter son Artaxare
Il n’y a donc rien d’impossible à ce que l’auteur dramatique ait alors recueilli les souvenirs de la comédienne pour en profiter plus tard.
Le poète cadurcien, qu’un compatriote traitait récemment de « médiocre écrivain » dans une revue des principaux Biographes de Molière, avait soixante-douze ans quand il donna ses Mémoires pour servir à l’histoire de Molière et de ses ouvrages, qui furent avec raison préférés par les éditeurs du Molière-Boucher à la Vie du grand homme écrite par Voltaire lui-même.
La Serre de Langlade mourut trois mois avant Mlle Poisson, à l’âge de quatre-vingt-quatorze ans. Il était censeur royal.
Si je me suis arrêté longtemps à son sujet, c’est qu’il me semble en vérité le principal auteur de nos Lettres au Mercure, et qu’il me permet de conclure, en rétablissant simplement les faits dans leur ordre chronologique.
Les frères Parfaict, copiant un passage des Mémoires de La Serre, publiés en tête de la belle édition in-4° de 1734, écrivent en 1747 (tome X, page 86) :
«La femme d’un des meilleurs comédiens que nous ayons eus (Mlle Poisson, fille de Du Croisy), nous a donné(avant 1734)ce portrait de Molière: « Il n’était ni trop gras ni trop maigre… —, pour tirer des conjectures de leurs mouvemens naturels. »
De là à lui attribuer les deux lettres de 1740, dont l’une reproduit ce passage, il y a loin — comme on voit. D’ailleurs, les frères Parfaict citent souvent ces deux lettres, sans les attribuer à M lle Poisson, qui avait alors quatre-vingt-trois ans, et vivait retirée à Saint-Germain-en-Laye, ne s’étant jamais mêlée d’écrire, et laissant ce petit travers, — chez
Donc, jusqu’à nouvel ordre et preuve du contraire, nous considérerons ces Lettres comme l’œuvre de Boucher d’Argis, ou plutôt comme une compilation faite par lui sans beaucoup d’ordre et d’esprit critique.
G. M.-Monval, moliériste.
. « Personne, selon M. Baillet
Jugemens des Sçavans sur les principaux ouvrages des auteurs, tome IV, contenant les poètes. Paris, A. Dezallier, 1686, in-12., n’a voit reçu tant de talens de la nature que lui, pour pouvoir jouer tout le genre humain, pour trouver
le ridicule des choses les plus sérieuses et pour l’exposer avec finesse et naïveté aux yeux du public.
C’est en quoy consiste l’avantage qu’on luy donne sur tous les comiques modernes, sur ceux de l’ancienne Rome, et sur ceux même de la Grèce ; de sorte que s’il se fût contenté de suivre les intentions de M. le cardinal de Richelieu, qui avoit dessein de purifier la comédie, et de ne faire faire sur le théâtre que des leçons de vertus morales, comme on veut nous le persuader, on n’auroit peut-être pas tant de précautions à prendre pour la lecture de ses ouvrages.
Pour surpasserLes anciens poètes, dit le P. Rapin
Réflexions sur la poétique d’Aristote et sur les ouvrages des poètes anciens et modernes. Paris, F. Muguet, 1674, in-12., n’ont que des valets pour les
C’est par ce moyen qu’il a sçu réformer, non pas les mœurs des chrétiens, mais les défauts de la vie civile, et de ce qu’on appelle le train de ce monde ; et c’est, sans doute, tout ce qu’a voulu louer en lui le P. Bouhours Observations de Ménage sur la langue françoise, chap. IV.
Ornement du théâtre, incomparable acteur, Charmant poète, illustre auteur,
il ajoute, pour nous précautionner contre ses partisans et ses admirateurs, et pour nous spécifier la qualité du service qu’il peut avoir rendu aux gens du monde :
C’est toi dont les plaisanteries Ont guéri des marquis l’esprit extravagant. C’est toi qui, par tes momeries, As reprimé l’orgueil du bourgeois arrogant. Ta muse, en jouant l’hypocrite, A redressé les faux dévots. La précieuse à tes bons mots A reconnu son faux mérite. L’homme ennemi du genre humain, Le campagnard qui tout admire, N’ont pas lu tes écrits en vain : Tous deux s’y sont instruits en ne pensant qu’à rire. Enfin tu réformas et la Ville et la Cour ; Mais quelle en fut la récompense ? Les François rougiront un jour De leur peu de reconnoissance. Il leur fallut un comédien. Qui mît à les polir son art et son étude ; Mais, Moliere, à ta gloire il ne manqueroit rien, Si, parmi leurs défauts que tu peignis si bien, Tu les avois repris de leur ingratitude.
Ep. VII :
Avant qu’un peu de terre, obtenu par prière, Pour Jamais sous la tombe eût enfermé Moliere, Mille de ses beaux traits, aujourd’hui si vantés, Furent des sots esprits à nos yeux rebutés. L’ignorance et l’erreur, à ses naissantes pièces, En habits de marquis, en robes de comtesses, Venoient pour diffamer son chef-d’œuvre nouveau, Et secouoient la tête à l’endroit le plus beau. Le commandeur vouloit la scène plus exacte, Le vicomte indigné sortoit au second acte. L’un, défenseur zélé des bigots mis en jeu, Pour prix de ses bons mots le condamnoit au feu ; L’autre, fougueux marquis, lui déclarant la guerre, Vouloit venger la Cour immolée au parterre-, Mais, si-tôt que d’un trait de ses fatales mains La Parque l’eut rayé du nombre des humains, On reconnut le prix de sa muse éclipsée. Toute la comédie, avec lui terrassée,En vain d’un coup si rude espéra revenir, Et sur ses brodequins ne put plus se tenir. « Mais, selon M. Baillet, tous ces grands défauts, à la correction desquels on veut qu’il se soit appliqué, ne sont pas tant des qualités vicieuses ou criminelles que quelque faux goût, quelque sot entêtement, quelques affectations ridicules, telles que celles qu’il a reprises assez à propos dans les prudes, les précieuses, dans ceux qui outrent les modes, qui s’érigent en marquis, qui parlent incessamment de leur noblesse, qui ont toujours quelques poésies de leur façon à montrer aux gens. »
« Voilà, dit M. Bayle, dans la
République des lettres, avril 1684, les désordres dont les comédies de Moliere ont un peu arrêté le cours : car, pour la galanterie criminelle, l’envie, la fourberie, l’avarice, la vanité et les autres crimes semblables, il ne faut pas croire, selon l’observation du même auteur, qu’elles leur ayent fait beaucoup de mal ; au contraire, il n’y a rien de plus propre pour Nouvelles de la République des lettres, p. 203-204.inspirer la coqueterie que ces sortes de pièces, parce qu’on y tourne perpétuellement en ridicule les soins que les pères et les mères prennent de s’opposer aux engagemens amoureux de leurs enfans.
« La galanterie n’est pas la seule science qu’on apprend à l’école de Moliere, on apprend aussi les maximes les plus ordinaires du libertinage contre les véritables sentimens de la religion, quoi qu’en veuillent dire les ennemis de la bigoterie ; et l’on peut assurer que son Tartuffe est une des moins dangereuses pour nous mener à l’irreligion, dont les semences sont répandues d’une manière si fine et si cachée dans la plupart de ses autres pièces, qu’on ose assurer qu’il est infiniment plus difficile de s’en défendre, que de celle où il joue pesle et mesle bigots et dévots le masque levé. »
Il faut avouer néanmoins que celles qui jouent certaines professions et certaines passions peuvent être fort utiles.
M. Rosteau Sentences sur quelques livres d’auteurs qu’il a lus, p. 69.meDacie Dissertation sur les comédies d’Aristophane.
M. Despreaux, qu
Que sa fertile veine Ignore en écrivant le travail et la peine ; Qu’Apollon tient pour lui tous ses trésors ouverts Et qu’il sçait à quel coin se marquent le bons vers... Que, s’il veut une rime, elle vient le chercher ; Qu’au bout du vers jamais on ne le voit broncher, Et, sans qu’un long détour l’arrête ou l’embarasse, A peine a-t-il parlé qu’elle-même s’y placeBoileau, Satire .II.
« Le même auteur, voyant Moliere au tombeau dépouillé de tous les ornemens extérieurs dont l’éclat avoit ébloüi les meilleurs yeux, durant qu’il paroissoit lui-même sur son théâtre, remarqua plus facilement ce qui avoit tant imposé au monde, c’est-à-dire ce caractère aisé et naturel, mais un peu trop populaire, trop bas, trop plaisant et trop bouffon Voir . »Art poétique, ch. III.
Au reste, quelque capable que fût Moliere, M- Baillet assure qu’il « ne savoit pas même son théâtre tout entier, et qu’il n’y a que l’amour du peuple qui ait pû le faire absoudre d’une infinité de fautes. Aussi peut-on dire qu’il se soucioit peu d’Aristote et des autres maîtres, pourvû qu’il suivît le goût de ses spectateurs qu’il reconnoissoit pour ses uniques juges.
Le Pere Rapin prétend que « l’ordonnance de ses comédies est toujours défectueuse en quelque chose, et que ses dénoüemens ne sont point heureux
Réflexion XXVI, p. 219.»
.
« Il faut avouer, continüe M. Baillet, qu’il
parloit assez bien françois, qu’il traduisoit passablement l’italien, qu’il ne copioit point mal ses auteurs ; mais on dit, peut-être trop légèrement, qu’il n’avoit point le don de l’invention, ni le génie de la belle poésie Observations sur une comédie de Moliere intitulée le , quoique ses amis même convinssent que dans toutes ses pièces le comédien avoit plus de part que le poëte, et que leur principale beauté consistoit dans l’action. »Festin de Pierre, p. 5.
Quelques-uns trouvent qu’il outroit, dit M. de Grimare La Vie de M. de Moliere : Paris, 1705, in-12, p. 46.
Quoi qu’il en soit, le succès de Moliere anima la jalousie des auteurs médiocres ; on disoit sur quelques-unes de ses pièces, que c’étoient des sujets empruntez, ce qui est vrai dans un sens ; mais il faut avouer que la manière dont il traitoit ses sujets avoit autant de grâce et de nouveauté que les sujets même qui étoient de son invention. Il prenoit ceux-ci dans les originaux que lui fournissoient abondamment la Cour et la Ville. M. de GrimarestFâcheux qui parut commencée et achevée en quinze jours « Conçue, faite, apprise et représentée en 15 jours », dit Molière lui-même dans l’Avant-propos ou Avertissement de cette pièce.
Moliere avoit été fort estimé du roi Louis XIV qui le gratifia de plusieurs pensions. Il avoit beaucoup profité de l’imitation de Plaute et de Terence, aussi bien que de celle des auteurs dramatiques espagnols et italiens, comme nous le disons en parlant de ses pièces.
Claude-Emmanuel LoüillierVoyage
Tout bon habitant du Marais Fait des vers qui ne coûtent guère ; Pour moi, c’est ainsi que j’en fais, Et, si Je les voulois mieux faire, Je les ferois bien plus mauvais.
A l’exemple des peintres et des sculpteurs, qui donnent de grands traits aux visages que l’on veut voir de loin, « Moliere outroit souvent les caractères qu’il mettoit sur le theatre, parce qu’on les y regarde comme dans un éloignement. Si d’un noble enjouement il tomboit quelquefois dans un bas comique, c’est qu’il avoit beaucoup plus d’ignorans Art poétique
Etudiez la Cour et connoisse\ la Ville, L’une et l’autre est toujours en modèles fertile. C’est par là que Moliere, illustrant ses écrits, Peut-être de son art eût remporté le prix, Si, moins ami du peuple en ses doctes peintures, Il n’eût point fait souvent grimacer ses figures, Quitté pour le bouffon l’agréable et le fin, Et sans honte à Terence allié Tabarin. Dans ce sac ridicule où Scapin s’enveloppe, Je ne reconnois plus l’auteur du Misantrope.
Le « peut-être »
qui commence le quatrième vers a été attaqué, et avec raison ; car on ne sçait pas qui peut avoir disputé, avec quelque fondement, le prix de la comédie à Moliere, et qui peut douter qu’il l’ait remporté.
Il est difficile de faire un portrait de fantaisie qu’il ne ressemble à quelqu’un ; c’est ce qui arrivoit souvent à Moliere. Des gens qu’il n’avoit jamais eu en vûë, croyoient se Cocu imaginaire.
Moliere a surpassé Plaute et Terence par l’invention de quelques-unes de ses comédies Mémoires de Trévoux, avril 1717, p. 531.
Selon M. D. L. B« il n’a manqué à Moliere que d’éviter le jargon, et d’écrire poliment. Quel feu, dit-il, quelle naïveté ! quelle source de bonne plaisanterie ! quelle
imitation des mœurs ! quels portraits ! et quel fléau de ridicule ! mais quel homme on au-roit pu faire de Terence et de lui ! »
Les partisans outrez de Moliere ont soutenu qu’il avoit plus corrigé de défauts à la Cour et à la Ville que tous les prédicateurs ensemble. Mais, disons la vérité, Moliere a corrigé des défauts, si l’on entend seulement par ce nom certaines qualitez qui ne sont pas tant un crime qu’un faux goût ou qu’un sot entêtement.
L’auteur du Journal littéraire de La Haye
Moliere a changé, parla supériorité de son génie, le goût de ses contemporains pour l’obscénité, et les a forcés à venir en foule se divertir en gens raisonnables, et non pas en grigous et en crocheteurs.
Son jugement exquis l’a toujours porté à ne jamais parler lui-même dans ses pièces, mais à y faire parler toujours ses personnages selon l’idée qu’il donne de leur condition et de leur tour d’esprit.
Le Remerciement en vers que Moliere fit à Louis XIV après qu’il l’eut honoré d’une pension de mille livres
rs Rohaut
Lucrèce presque tout entier et en vers
Ne voulant rien dissimuler des jugemens avantageux et désavantageux que diverses personnes de mérite ont fait de Moliere, on ne passera pas sous silence ce qu’en dit le signor Louis-Antoine Muratori, bibliothéquaire du grand ducDella perfetta Poësia italiana, etc., 1706. Modena, 2 vol. in-4°.« Moliere, dit-il, est un auteur pernicieux » qui ne tend qu’à donner du crédit et de l’autorité au crime, en décriant ceux qui s’y oposent, ou en aprenant la maniéré dont les jeunes personnes doivent se servir pour tromper des parens chargez de leur conduite ».
Il n’excepte aucune de ses pièces, et ne fait même aucune grâce au Misantrope
« Voilà donc votre médecin, lui dit Louis XIV un jour à son dîner, le voyant avec M. de Mau-vilain. Que vous fait-il ? — Sire, répondit Moliere, nous raisonnons ensemble, il m’ordonne des remèdes ; je ne les fais point, et je guéris. »
Revenu à Paris en 1658, il joua à la Cour ses premières pièces, qui furent extrêmement goûtées, et il en produisit ensuite de nouvelles, dans le véritable goût de la comédie, que nos auteurs avoient négligé, corrompus par l’exemple des Espagnols et des Italiens, qui donnent beaucoup plus aux intrigues surprenantes et aux plaisanteries forcées qu’à la peinture des mœurs et de la vie civile.
Saint-Evremond dit qu’il s’étoit formé sur les anciens à bien dépeindre les gens et les mœurs de son siècle dans la comédie, ce qu’on n’avoit pas vû encore sur nos théâtres. Jugement sur quelques auteurs françois, à Mmela duchesse Mazarin).
Cette merveille de nos Jours, Moliere, aux François regrètable, Et qu’ils regretteront toujours, Se trouveroit inimitable A ceux qu’il avoit imitez, S’ils se voyoient ressuscitez.
Corneille, Racine, Moliere,Aux gens d’une pure lumiere
Font dire qu’ils ont surpassé
Les grands maîtres du temps passé, etc.
(
Sur la dispute touchant les Anciens et les Modernes, stances irrégulières.)
Les pièces qui furent trouvées les plus excellentes, sont le Misantrope, le Tartuffe, les Femmes scavantes, l’Avare et le Festin de Pierre. Dans le Bourgeois gentilhomme, le Pourceaugnac, les Fourberies de Scapin, et les autres de cette nature, il a trop donné au goût du peuple pour les situations et les pointes bouffonnes.
Les précieuses, les petits-maîtres et les
Il étoit aussi bon acteur qu’excellent auteur ; et dans la représentation de sa dernière pièce, qui fut le Malade imaginaire, il sembloit s’être surpassé lui-même. Tout malade qu’il étoit et pressé d’une fluxion de poitrine, il entreprit d’y jouer pour la quatrième fois, le 17 de février 1673, et ne put achever qu’avec de très grands efforts. Il lui en coûta la vie, car, s’étant mis au lit en sortant du théâtre, sa toux redoubla avec tant de violence qu’il se rompit une veiné et mourut le même jour. On eut toutes les peines du monde à obtenir qu’il fût enterré en terre sainte, et il fallut un ordre du Roy. Il fut inhumé le 20
ÉPITAPHE Publiée pour la première fois en 1677, Cologne. .Cy gît Moliere, et c’est dommage;Il joüoit bien son personnage;Il fit fort bien le mort, ainsi que le cocu : En lui seul, à la comédie, Tout à la fois nous avons vuL’original et la copie. AUTREMercure galant, 1673. .Cy gît sans nulle pompe vaine.Le singe de la vie humaine,Qui n’aura Jamais son égal ; De la mort comme de la vie Voulant être le singe en une comédie, Pour trop bien réüssir, il lui réussit mal : Car la mort, en étant ravie, Trouva si belle la copie Qu’elle en fit un original. AUTRELettre du comte de Limoges à Bussy-Rabutin, 1673. .Passant, ici repose un qu’on dit. être mort,je ne sçai s’il rit ou s’il dort : La maladie imaginaire Ne peut pas l’avoir fait mourir ; C’est un tour qu’il joue à plaisir, Car il aimoit à contrefaire. Quoi qu’il en soit, cy gît Moliere : Comme il étoit comédien, Pour un malade imaginaire, S’il fait le mort, il le fait bien. AUTREPar La Fontaine, 1673 (Oraison funèbre de Moliere, Mercure galant). .Sous ce tombeau gisent Plante et Térence, Et cependant le seul Moliere y gît. Leurs trois talens ne formoient qu’un esprit, Dont le bel art divertissoit la France. Ils sont partis, et fai peu d’espérance De les revoir malgré tous nos efforts ; Pour un long tems, selon toute apparence,Térence, Plaute et Moliere sont morts.
Voilà, Monsieur, tout ce que vous aurez de moi aujourd’hui sur les matières auxquelles vous vous intéressez ; mais je vous promets quelque chose de plus remarquable sur la vie et les ouvrages de Moliere.
Il semble aussi que la plupart des hommes, contens de louer et d’estimer les poètes, ayent poussé le mépris pour les comédiens jusqu’à l’excès, quoique le public leur doive presque autant qu’aux poètes ; du moins, sans eux, jamais le public n’auroit eu tant de plaisir, ni les poètes tant de gloire ; et il n’est pas bien sûr qu’un excellent comédien soit une chose beaucoup plus commune qu’un excellent poèteMémoires a été reproduit mot pour mot dans les Variétés historiques, physiques et littéraires, ou Recherches d’un sçavant, contenant plusieurs pièces curieuses et intéressantes : Paris, Nyon fils et Guillyn, 1752, t. I, deuxième partie, p. 527-536.
Gandolin par sa rhétorique Nous fait la rate épanouir, Et, pour n’avoir plus la colique, Il faut tant seulement l’oüir. Quelques fables qu’il nous raconte, Elles ont un si bel effet Que chacun y trouve son conte, Et s’en retourne satisfait.
Mondory d’Orléans du nom de son parrain, était Auvergnat; il naquit le 13 mars 1594 à Thiers (A. Guillemot, Intermédiaire, t. IX et XVII).Historiette de Mondory, t. VII, p. 174.MarianeAveugle de Smirne
Il jouoit les grands rôles avant Floridor. Scaron fait dire à la Rancune dans son Roman comique, en parlant des acteurs en réputation de son temps : « Belleroze étoit trop affecté, Mondory trop rude, Floridor trop froid. »
Le prince de Guimené disoit de ce fameux comédien :
. On a dit depuis la même chose de Scaramouche dans le temps qu’il représentoit Homo non periit, sed periit artifex
Montfleury la Mort d’Asdrubal est de son fils
C’étoit un homme de beaucoup d’esprit, et acteur universel. Il excelloit également dans le tragique et dans le comique. C’est un de ceux qui a le plus fait valoir les premières pièces de P. Corneille du temps du cardinal de Richelieu
On assure qu’il avoit joué Oreste d’original, dans l’Andromaque de Racined’Andromaque : « Vous avez raison de dire que cette pièce est déchûë par la mort de Montfleury : car elle a besoin de grands comédiens qui remplissent par l’action ce qui lui manque…
AttilaAttila, roy des Huns, l’une des dernières tragédies de Corneille vieillissant, ne fut pas créé par Montfleury, mais représenté pour la première fois par la troupe de Molière, sur le théâtre du Palais-Royal, le 4 mars 1667, dix mois avant la mort de Montfleury.
On prétend qu’il mourut par les efforts violens qu’il fit enjouant Oreste, où l’on assure que son ventre s’ouvrit ; il étoit si prodigieusement gros
Le chant et l’emphase étoient le seul genre de déclamation qui fût alors connu. Moliere, dans l’Impromptu de VersaillesNicomède où Prusias, représenté par cet acteur, s’entretient tout seul avec son capitaine des gardeslle d’Ennebaultlle Dupin (Louise Jacob), née le 3o mars 1649, mariée le 8 avril 1665 à Joseph Du Landas, dit Dupin.
Le Comédien poète, comédie en cinq actes de Montfleury
On donna la premiere représentation de cette pièce sur le théâtre de la rue Mazarine, le 10 novembre 1673 ; on la joüa huit fois au double, et dix fois à l’ordinaire
Montfleury, qui passe pour l’auteur de cette pièce, n’y avoit pas, selon toutes les aparences, la meilleure part : car on trouve dans Premier Registre de la troupe du Roy aprez son establissement rue Mazarini, 1673, f° 76. Le Mazurier, archiviste de la Comédie sous la Restauration, a ajouté cette note : « Vente par Montfleury et Corneille (Th.) du Comédien poète moyennant 1,32o livres. — Il ne leur revenait pour leurs deux parts que 573 livres, si elles eussent été calculées comme celles des acteurs, ce qui n’eût pas été juste, attendu qu’à chaque représentation on avait retiré de la recette et remis entre les mains de Hubert une somme dans laquelle les comédiens ne partageaient pas. »rs de Montfleury et Corneille chacun 660 liv. de l’argent qu’on a retiré au Comédien poëte, pour lad. pièce : cela fait 1320 liv. ». Le 29 décembre 1673
M Elle s’appelait Jeanne de La Chappe, et avait été mariée en premières noces à P. Rousseau, sieur Du Clos. Elle épousa Zacharie Jacob en 1638, à Rueil. Nous avons vainement cherché l’acte de mariage, l’état civil de Rueil ne remontant qu’à 1640.1le de Montfleuryer mars 1683.
1661.
C’étoit un très-gracieux comédien, quoique d’une taille médiocre, mais il avoit de beaux yeux et de belles dents. Il jouoit les rôles de rois et de paysans. On remarquoit un défaut en lui, qui étoit d’avoir un visage riant dans les passions les plus furieuses et les situations les plus tristes.
Il étoit contemporain de La Fleurla Recherche sur les théâtresle Tartuffe jusqu’à nouvel ordre. Après la mort de Moliere, il fut un de ceux qui quittèrent le Palais Royal pour passer de leur gré à l’Hôtel de Bourgogne
Le bibliophile Jacob, dans une note du Burtal et Goizet, surenchérissant sur le Catalogue de Soleinne (t. II, p. 22), disait en 1844 : « Nous sommes presque convaincus que cet auteur est le même (et les initiales D. C. confirment notre opinion) que A. P. P. de Châteauneuf. » M. Paul Lacroix traduisait D. C. par D(e) C(hâteauneuf) : ces initiales veulent dire D(enis) C(lerselier), comme nous l’avons découvert récemment.Catalogue Soleinne, disent que ce comédien était A. P. P. de Châteauneuf, né à Nanteuil ! (Dictionnaire universel du Théâtre en France, p. 124.)
Les Brouillards nocturnesLes Brouilleries nocturnes, comédie en cinq actes en vers, non imprimée.
Le Comte de Roquefeuille, ou le Docteur extravagant, id. ;
L’Amour sentinelle, ou les Cadenas forcés
Dorimond
La Rosélie, ou Dom Guillot, 1641
L’Amant de la Seinesa femme », comédie représentée et imprimée cette année même, et dont il est question plus loin.
L’Inconstance punie, id. ;
L’Amant de sa femme, id. ;
L’École des cœurs ou la Précaution inutile, id. ;
Les Amours de Trapolin, ou la Comédie de la Comédie, 1662
Il y a erreur de date : la pièce fut imprimée en 1661. L’auteur oublie dans cette liste la plus importante de toutes, le Festin de Pierre, représenté à Lyon en 1658.La Femme industrieuse, 1692
Françoise-Jacob d’Ennebault, sœur de Mlle Dupin, fille de Montfleury, grand-mere maternelle de Mlle.Desmares.
C’étoit une des plus anciennes actrices de l’Hôtel de Bourgogne en 1674. Elle vint la Fille capitaine, la Femme Juge et partie, deux comédies de son frère.Malade imaginaire.
De Villiers
Le Festin de Pierre, tragi-comédie, 1660 ;
L’Apotiquaire dévalisé, id. ;
Les Ramoneurs, 1662 ;
Les Trois Visages ;
La Magie sans magie
De Salbray, comédien de l’Hôtel de Bourgogne en 1674
L
’
Enfer divertissant
;
La Belle Égyptienne
Andromaque, pièce en machines
La Troades
Juvenon de La FleurBajazet. Il succéda à Montfleury pour les rois
Jean Juvenon de La Thuillerie
C’étoit un très-grand et bel homme, fort bien fait ; il jouoit les rôles de jeunes rois. Il étoit dans la Troupe Royale en 1674
Il a joué d’original tous les rôles de rois des pièces de CapistronVirginie (1683), Arminius (1684), Andronic (1685), Alcibiade (d°), Phraate (1686).TyridateGeta
La Thuillerie n’étoit que le prête-nom des pièces recueillies dans le volume qui porte son nom Théâtre de M. de La Thuillerie, comédien de la Troupe royale contenant : Une comédie en 1 acte en prose, Crispin précepteur, 1679 ; Soliman, 1680 ; Hercule, 1681, et Crispin bel esprit, 1681.Merlin peintre, représentée le 20 juillet 1687, lui est attribuée : elle n’a pas été imprimée, non plus que Nitocris, tragédie (10 mars 1683), et Aristobule (3o novembre 1685).
Ici gît, qui se nommoit Jean ; Il croyait avoir fait Hercule et SolimanHercule, tragédie en 5 actes en vers, représentée le 7 novembre 1681. — Soliman XIII, tragédie en 5 actes en vers, représentée le 11 octobre 1680 : c’est la première nouveauté donnée à la rue Mazarini depuis la jonction des troupes. (Voir les préfaces de ces deux pièces.) .
A l’égard des répétitions, je tâcherai de vous les épargner ; et pour commencer, puisque vous avez une suite exacte des Mercures de France, je vous renvoie à celui du mois de février 1722, page 121, pour la Princesse d’Elide, ou les Plaisirs de l’Isle enchantée, comédie-ballet, représentée à Versailles au mois de may 1664« Cette pièce réussit, et la Cour ne traita point avec sévérité un ouvrage fait à la hâte, pour la divertir. Moliere n’avoit eu le temps d’écrire en vers que le premier acte, et la première scène du second. L’applaudissement du Prince, récompense aussi juste que flateuse pour Moliere, les allusions vrayes ou fausses qui pouvoient avoir quelque chose de mystérieux, les agrémens de la musique et de la danse, et plus encore l’espece d’yvresse que produisent le mouvement et l’enchaînement des plaisirs, contribuèrent au succès de
la Princesse d’Elide. Paris en jugea moins favorablement ; il la vit
Cette piece fut donnée à Paris au mois de novembre suivant, et fut jouée 24 fois Michel Lambert, maître de la musique de la chambre du Roi (1610-1696), fut le beau-père de Lulli. C’est celui dont parle Boileau dans le Nous n’avons, m’a-t-il dit, ni Lambert ni Molière. Repas ridicule ;
On sçait que cette piece est imitée de la comedie espagnole qui a pour titre, El Desden con el desden, d’Augustin Moret.
Textuellement reproduit de l’édition de 1734 : Mémoires sur la vie et les ouvrages de Molière. « Le Roy Louis XIV donna-le sujet desAmans magnifiques, comedie-ballet en cinq actes, en prose, etc. Deux princes rivaux s’y disputent par des fêtes galantes le cœur d’une princesse. Suivant cette idée générale, Moliere réünit à la hâte, dans différens intermedes, tout ce que le théâtre lui put fournir de divertissemens propres à flater le goût de la Cour. Le personnage de Sostrate est un caractere d’amant qu’il n’avoit pas encore exposé sur la scène ; Clitidas, plaisant de Cour, est plus fin que n’est Moron dansla Princesse d’ElideCes deux rôles furent joués d’original par Molière lui-même. . Un astrologue, dont l’artifice démasqué sert à détromper les Grands d’une foiblesse qui fait peu d’honneur à leurs lumières, dédommage en partie de la singularité peu vraisemblable d’un dénoüement machinal. L’auteur, qui, par de solides réflexions et par sa propre experiencé, avoit apris à distinguer ce qui convenoit aux differens théâtres pour lesquels il travailloit, ne crut pas devoir hasarder cette comédie sur le théâtre de Paris. Il ne la fit pas même imprimerElle parut pour la première fois dans les , quoi qu’elle ne soit pas sansŒuvres posthumes, t. VIII de l’édition de 1682, et ne fut représentée à la Comédie-Française que longtemps après la mort de Molière, le 15 octobre 1688.beautés pour ceux qui sçavent se transporter aux lieux, aux temps et aux circonstances dont ces sortes de divertissemens tirent leur plus grand prix »
Dans l’Etourdi, qui est la premiere comedie de Moliere, on doit observer que le valet fourbe ne fait pas l’intrigue de la fable, comme il le paroît d’abord ; car il imagine toutes ses fourberies avec tant de jugement qu’il n’auroit besoin que de la premiere pour arriver à ses fins ; mais, l’étourdi détruisant par son caractère tout ce que fait le valet, et ce valet se piquant de réussir, ils composent tous deux une intrigue, dont on peut dire que le caractère de l’Etourdi est le premier mobile. On reprocha à Moliere que le valet paroît plus étourdi que ce principal personnage, puisqu’il n’a presque jamais l’attention de l’avertir de ce qu’il veut faire.
Le sujet de cette piece est pris dans l’Inavvertito, comédie italienne en prose, composée par Nicolo Barbieri, dit Beltrame, imprimée en 1629.
Le Dépit amoureux, comédie de Moliere en vers et en cinq actes, fut joué à Paris immédiatement après l’Etourdi
Moliere imita le sujet de cette comedie de deux pièces italiennes, l’une intitulée l’lnteresse, de Nicolo Secchi, en prose, imprimée en 1581, et l’autre, d’un ancien canevas ou farce, jouée à l’impromptu, qui a pour titre gli Sdegni amorosi.
Les Précieuses ridicules, comédie en un acte et en prose, qui fut faite d’abord pour la provinceRegistre de La Grange, p. 13).
Le Cocu imaginaire. Cette pièce fut jouée pour la premiere fois sur le theatre du Petit Bourbon, le 28 may 1660, et l’on en donna quarante représentations de suite, quoiqu’en étéIl Ritratto, ou Arlichino cornuto per opinione.
Don Garde de Navarre, ou le Prince jaloux, comédie héroïque en vers et en cinq actes, fut représenté dans sa nouveauté le 4 février 1661, sur le théâtre du Palais-Royal. Moliere y joua le rôle du héros de la piece,
L’École des Maris. Dans cette pièce de caractère et d’intrigue, Moliere avouoit lui-même avoir pris quelque idée des Adelphes de Terence ; mais il faut convenir aussi qu’il a fait honneur à son original, et qu’il l’a surpassé. Cette imitation consiste dans les deux frères que Terence met sur la scène ; celui qu’il nomme Micion, est ici apelle Ariste, et son Demea est Sganarelle. Ce que Moliere fait dire à ces deux frères convient infiniment mieux, et leur dialogue est si bien accommodé à nos manières, qu’il n’y a pas lieu de soupçonner notre auteur d’avoir
On trouve la fable de cette pièce dans la troisième nouvelle du Decameron de Boccace
Les Fâcheux. Le roi Louis XIV donna à Moliere le caractère du chasseur impertinent qu’on voit dans cette pièce, et comme il
L’opinion la plus reçue sur la comédie des Fâcheux est que Moliere en a tiré le sujet d’une ancienne comedie italienne intitulée : Le Case svaliggiate, ou Gli interrompt menti di Pantalone. C’est la même comedie que nous avons vû jouer par les comédiens italiens de l’Hôtel de Bourgogne d’aujourd’hui, sous le titre d’Arlequin dévaliseur de maisons
« Moliere n’étoit ni trop gras ni trop maigre ; il avoit la taille plus grande que petite, le port noble, la jambe belle ; il marchoit gravement, avoit l’air très sérieux, le nez gros, la bouche grande, les lèvres épaisses, le teint brun, les sourcils noirs et forts, et les divers mouvemens qu’il leur
donnoit lui rendoient la physionomie extrêmement comique. A l’égard de son caractère, il étoit doux, complaisant, généreux. Il aimoit fort à haranguer ; et, quand il lisoit ses pièces aux comediens, il vouloit qu’ils y amenassent leurs enfans Ce portrait serait dû à Poisson, fille de Du Croisy, d’après l’auteur des , pour tirer des conjectures de leurs mouvemens naturelsMémoiresde 1734.. » Depuis son arrivée à Paris en 1658 jusqu’à sa mort, Molière put avoir occasion de faire amener à la lecture de ses pièces :
Le petit De Brie (Jean-Baptiste) ;
La petite De Brie (Catherine-Nicole), née en 1659 ;
Le petit Du Parc (Jean-Baptiste) ;
Le petit Du Croisy (François) ;
Les deux petites Du Croisy (Angélique et Marie-Angélique)
La petite Châteauneuf aînée ;
Les quatre enfants La Thorillière, dont sa filleule Thérèse ;
Le petit Hubert ;
La petite Beauval (Louise), la Louison de son
Malade imaginaire.
Mémoires sur la vie, etc. 1734.
Claire- Elisabeth - Armande - Gresinde Béjar, veuve de Moliere ; elle épousa François Guérin
Lors du Règlement fait en 1681, elle avoit une part entière à l’Hôtel de Guenegaud. Le portrait que fait Cléonte dans le troisième acte du Bourgeois gentilhomme est lait d’après elle. Elle jouoit tous les grands rôles Malade imaginairentretiens galants (VIe, la Musique), t. II, p. 45-48, 1681.
Genevieve Bejar
N. Béjar, oncle(Registres de La Grange et d’Hubert) ou le 13 octobre (Jal).lles Bejar, jouoit le rôle de la Flèche dans l’Avare. Il avoit quitté la troupe du Palais-Royal avant la mort de Moliere.
La femme d’Achille Varlet de Verneuil s’appelait Marie Vallée. Sa tante, Madeleine Lemoyne, femme de Nicolas Lion, sieur de Beaupré, comédien du duc d’Angoulême en 1630 et directeur de troupe en 1647, florissait de 1633 à 1636 ; elle joua ensuite en province. On croit qu’elle mourut en Hollande.Segresiana : « M. Corneille nous a fait un grand tort ; nous avions ci-devant des pièces de théâtre pour trois écus, que l’on nous faisoit en une nuit, on y étoit accoûtumé, et nous gagnions beaucoup. Présentement les pièces de M. Corneille nous coûtent bien de l’argent, et nous gagnons peu de chose. Il est vrai que ces vieilles pièces étoient misérables, mais les comediens étoient excellens, et ils les faisoient valoir par la représentation. »
lle Chanvalon, bonne actrice comique du Théâtre-François, retirée depuis 18 anslle de Chanvallon (Judith Chabot de La Rinville), née vers 1667, épousa J.-B. de Lhoste, sieur de Chanvallon, et se retira le 26 mars 1722.
N. Duclos
N. Petit de Beauchampla Belle Bruner du Boccage, acteur de la Troupe du Roy. Elle étoit de la
Elle refusa d’entrer à l’Hôtel de Bourgogne, parce qu’on ne vouloit donner qu’une demi-part à son mari, qui avoitun talent singulier pour jouer tous les déguisemens en femme.
N. Rozely
A.-P. P. De Chateauneuflle Duclos. Il est mort très âgé, vers 1720. M. Paul Lacroix l’a confondu avec D. C. de Nanteuil.la Feinte Mort de Pancrace, comédie en vers de quatre pieds, en un acte, représentée par les comédiens de Monsieur le Prince, en 1663.
N. Du Parc, ou Gros René
N. Nanteuil
L’Amour sentinelle, ou le Cadenat forcé, comédie, en 1672 ;
Le Comte de Roquefeuille, ou le Docteur extravagant, comédie en un acte, 1672
Les Brouilleries nocturnes, comédie, 1669 ;
Le Campagnard dupé, comédie, 1671.
BeauchateauMoliériste, VIII, 141.)
D’Orgemont
Judith de Nevers, dite Guyot, actrice de Guenegaud en 1679lle Guiot passa au théâtre de Guénégaud dès 1673.
Edme Villelainquin était né le 24 octobre 1607, à Ferrière-en-Brie.Tartuffe. Il étoit difficile à vivre et grand bretteur ;
Pierre MessierCinna dans la tragédie de ce nom. Il étoit en grande réputation du temps du cardinal de Richelieu. On n’avoit point encore vu de si parfait comédien dans la troupe royale de l’Hôtel de Bourgogne, dont il étoit l’orateur ; il annonçoit de bonne grâce, parloit facilement, et ses petits discours faisoient toujours plaisir à entendre par les traits nouveaux dont il prenoit soin chaque jour de les orner. Floridor lui succéda
Dans les Mémoires du Cardinal de Retz, on voit que Mme de Montbason ne pouvoit pas se résoudre à aimer M. de La Rochefoucault, parce qu’il ressembloit à Bellerose, qui avoit, disoit-elle, l’air fort fade.
Louise Jacob, épouse de Joseph du Landas, sieur Dupinlle Ennebault. Elle entra avec son mari dans la troupe de la rue Mazarine, lors de son établissement en 1673
L’Ecole des cocus, ou la Précaution inutile, comédie en vers et en un acte, 1661 ;
L’Inconstance punie, en un acte en vers, 1661 ;
La Femme industrieuse, en vers, en un acte, 1661 ;
La Comedie de la Comedie, oules Amours de Trapolin, en un acte en vers, 1662 ;
La Roselie, ou le Dom Guillot, en cinq actes en vers, 1661 ;
L’Avare dupé, ou l’Homme de paille
Le Festin de Pierre, ou l’Athée fou-droyé, tragi-comédie, 1665 ;
Le Médecin dérobé, comédie
Marie du Mont Ozillon, veuve de (Moliériste, VIII, 54.)
A. J. De Montfleuryla Dame médecin, jouée à Guenegaud, en 1678
l’Impromptu
Didon lardée. (Voyez le Mercure de janvier 1725 et celui d’octobre 1726.)
L’École des femmes, comédie en vers et en cinq actes. Beaucoup de personnes croyent que Moliere a pris l’idée de cette pièce dans un nouvelle espagnole, qu’on trouve dans les œuvres de Scarron traduite en notre langue, la Précaution inutile
Après la mort de Moliere C’est-à-dire sept ans après la mort de Molière ; cette distribution est celle de 1680 : MM. Rosimond. La Grange. Verneuil. La Tuillerie. Raisin cadet. Du Croisy. M La Grange. Arnolphe.Horace.Chrysalde.Enrique.Alain.Oronte.lles Raisin. Agnès.Georgette.rs Rosimont, de la Grange, Verneuil, la Tuillerie, Raisin, du Croisy, et par les Dlles Raisin et de la Grange. Elle fut donnée dans sa nouveauté, au mois de décembre 1662
La Critique de L’Ecole des femmes, petite comedie en prose ou plûtôt dialogue divisé en sept scènes, représentée pour la premiere fois à Paris, sur le théâtre du Palais-Royal, l’École des femmes, et elle raporta 29,963 livres en 32
On assure que le poète Boursaut crût se reconnoître dans le portrait de Lisidas, et que, pour s’en venger, il donna sur le théâtre de l’Hôtel de Bourgogne une petite comedie dans le goût de celle-ci, intitulée le Portrait du peintre, ou la Contre-critique.
Moliere à son tour, pour se venger de Boursaut, fit l’Impromptu de Versailles, où il le nomma par son nom et le traita très-mal.
Cette petite comedie en prose fut d’abord représentée à Versailles au mois d’octobre 1663, et, le 4 novembre suivant, à Paris, sur le théâtre du Palais-Royal. On la joua dix neuf fois de suite, et elle raporta 12,136 liv. aux comédiens.
Mémoires de La Serre, 1734 «Le Mariage forcé, comédie ballet en un acte, en prose, ainsi intituléBallet du Roy. parce que le Roy y avoit dansé une entrée dans la représentation qui en fut faite au Louvre le 29 janvier 1664. Elle parut sous le même titre, le 13 mai, Septième jour de la fête donnée aux ReinesA Versailles. . On veut qu’une avanture réelle, qui avoit un raport éloigné à l’intrigue, ait alors donné à cette pièce un sel qu’elle n’a plus. Elle parut à ParisLe vendredi 15 février 1664. sous le titre de comédie, avec des changemensAvec le ballet et les ornements (Reg. de La Grange, p. 62). . Le plus considérable est l’addition de la scène de Dorimene et de Lycaste, dont Sganarelle est témoin ; elle suplée au magicien chantant, qui détournoit Sganarelle de son mariage. »
La scène des deux philosophes
rs la Grange, du Croisy, Verneuil, Rosimont, et par les Dlles Guerin, de Brie et la Grange
On lit dans la nouvelle édition des œuvres de Moliere« ce ne fut point par son propre choix que cet auteur traita le sujet de
Don Juan, ou le Festin de Pierre, comedie en cinq actes en prose, représentée en février 1665 nouvelle espèce de tragi-comique, elle fit grâce à un mélange monstrueux de religion et d’impiété, de morale et de bouffonneries, etc. »
A l’égard, M. de ce que vous me demandez des comédiens du temps de Moliere, je pourrai bien vous donner quelques instructions là-dessus ; mais ne vous attendez pas à plus d’ordre que j’en ai gardé jusqu’à présent, et contentez-vous, s’il vous plait, du petit ramassis sur quelques acteurs et actrices du temps de Moliere.
Josias de Soulas, Sr de Floridor, mort vers l’an 1671
Hauteroche succéda à Floridor
Il avoit été de la troupe du Marais, d’où l’on remarque que les meilleurs sujets qui ayent paru dans la suite sur les autres théâtres de Paris, étoient sortis ; il avoit succédé dans cette troupe-là à Dorgemont dans l’emploi d’orateur, dont il s’étoit acquitté avec de grands aplaudissemens. Il entra dans la suite à l’Hôtel de Bourgogne, où il parût avec éclat en 1643.
La Roque
En 1666, Floridor, qu’on ne vouloit pas reconnoitre pour gentilhomme parce qu’il étoit acteur jouant la comédie, défendit bien sa cause, et la gagna contre les traitans, faisant valoir une déclaration du Roy Louis XIII rendue en 1641, très favorable pour la comédie et les comédiens. Le Roy Louis XIV a toujours considéré l’acteur dont nous parlons comme un gentilhomme, quoique comédien.
Il représentoit tous les premiers rôles d’une maniéré si originale, si imposante et si naturelle, qu’il faisoit oublier tous les grands acteurs qui les avoient joués avant lui ; et un mérité qui lui étoit particulier, c’est qu’il jouoit toujours également bien sans être journalier.
M. de S. Evremond parloit de Floridor et de Montfleury comme des deux meilleurs comédiens du monde. Floridor joüoit le rôle de Ptolémée dans la tragédie de la Mort de Pompée de P. Corneille et celui d’Achille dans l’ Iphigénie de Racine ; Baron lui succéda.
r Floridor, comédien du Roy, contre les commis de la recherche des usurpateurs de la noblesse, qui fait connoître que la qualité de comédien ne déroge point.
En voici le précis :
Sur la requête présentée au Roy en son Conseil, par Josias de Soulas, écuyer, sieur de Floridor, contenant qu’il a été assigné par devant les sieurs commissaires généraux, députés par Sa Majesté à la suite de son Conseil, pour la recherche des usurpateurs de noblesse de la ville et fauxbourgs de Paris, pour représenter les titres en vertu desquels il prend la qualité d’écuyer ; et bien qu’il soit véritable que Lazare-Victorin de Soulas, écuyer, sieur d’Iolata, son bisayeul, capitaine d’une compagnie de chevau-légers allemans et faisant profession de la religion prétendue réformée, fut envelopé dans la disgrâce de l’amiral de Chastillon, duquel il avoit été nourri page, dans la maison duquel il fut massacré et tué avec ledit sieur amiral, par le malheur que personne n’ignore dans le royaume ; que Jean de Soulas, son fils, lors cornette de cavalerie, ayant apris la mort de son père, fut obligé de se retirer à Gênes, et depuis à
Lauzane, au canton de Berne, avec sa famille, où il a toujours depuis vécu noblement ; que Georges de Soulas, son second fils, père du supliant, après avoir achevé ses études à Bâle en Suisse, vint en France au commencement du regne de Henry-le-Grand, où il eût l’honneur d’être placé auprès de Madame la duchesse de Bar, sœur de Sa Majesté, en qualité de ministre de la R. P. R., après le décès de laquelle il se maria en la province de Brie, où il embrassa la vraie religion, et quelque temps après plaça ledit supliant, son fils aîné, dans les gardes du Roy Louis XIII, père de Sa Majesté, où il porta le mousquet dans la compagnie de M. de la Besne, et depuis servit en qualité d’enseigne dans le régiment de Rambure, et après, la réforme de quelques compagnies de ce régiment lui fit prendre le parti de la comédie, dans laquelle il a servi depuis vingt-cinq ans, comme il fait encore à présent, au divertissement de Sa Majesté. Néanmoins, parce que les titres de la noblesse dudit supliant sont dès-lors demeurés entre les mains de Josias de Soulas, oncle dudit supliant, comme aîné et chef de la maison, lequel dans le même temps de la retraite dudit Georges, son cadet, père dudit supliant, en Suisse, se retira en Allemagne, où il fut fait page de l’électeur palatin du Rhin, et depuis capitaine de cavalerie dans les troupes du duc de Savoye, où il se maria, après avoir aussi embrassé la vraie religion. Cet établissement hors du royaume dudit Josias, aîné et chef de la famille, saisi et en la possession de tous les titres justificatifs de leur noblesse, a réduit jusqu’à présent ledit supliant dans l’impossibilité de leur représentation par devant lesdits sieurs commissaires : requeroit le supliant à ce que, attendu qu’il ne peut abandonner le service de Sa Majesté que dans la mi-carême prochain, il plût à Sa Majesté lui accorder un délai d’un an pour raporter par devant lesdits sieurs commissaires les titres justificatifs de sadite noblesse, etc. Ouï le raport du sieur d’Aligre, conseiller ordinaire de Sa Majesté en ses conseils et directeur de ses finances, commissaire à ce député, et tout considéré : Le Roy, en son conseil royal des finances, ayant égard à ladite requête, a donné et donne délai d’un an au supliant pour raporter les titres justificatifs de sa noblesse par devant lesdits sieurs commissaires généraux ; et cependant fait défenses audit Scard et autres commis à la recherche des usurpateurs de noblesse de ladite ville et fauxbourgs de Paris, de faire aucunes poursuites ni contraintes pour raison de ladite qualité d’écuyer contre ledit supliant, à peine de nullité, cinq cent livres d’amende, dépens, dommages et intérêts. Fait au Conseil d’État du Roy, etc.
N. Des Œillets des Œillets, née vers 1621, morte le 25 octobre 1670.Andromaque de Racine, que M1Ie Champmêlé joua ensuite, en concurrence
L’actrice dont nous parlons n’avoit contre elle que sa figure qui n’étoit pas belle ; mais elle se mettoit si bien, et avoit un si grand air de noblesse et d’autorité, qu’elle plaisoit toujours infiniment par le mérite extraordinaire qu’elle avoit d’ailleurs. Elle joüoit Ariane fut représentée sur le théâtre du Marais, le 4 mars 1672, pour la première fois.Britannicus de Racine
Noël le Breton, sieur d’Hauteroche
Il étoit d’une taille avantageuse, mais fort maigre et décharné ; il est mort à Paris, dans un âge tres-avancé, en 1707
Il avoit été de la troupe du Marais
Hauteroche jouoit parfaitement les grands confidens, comme Phénix dans l’Andromaque de Racine, Arbate dans Mithridate, Narcisse dans Britannicus, et plusieurs rôles comiques dans la plus grande originalité, tels que le baron de la Crasse, M. de Sottenville dans George Dandinles Plaideurs, etc.
Outre les pièces de théâtre qui ont paru sous son nom, il est encore auteur de plusieurs Nouvelles et Historiettes que le public a bien reçues : il avoit beaucoup d’esprit, et avoit fort bien étudié ; il écrivoit facilement en prose et en. vers, et avoit la parole si aisée qu’il succéda à Floridor dans l’emploi de harangueur
Pièces d’Hauteroche :
L’Amant qui ne flate point, en vers et en cinq actes, représentée à l’Hôtel de Bourgogne, 1668 ;
Le Souper mal aprêté, d’un acte, en vers, 1669 ;
Les Aparences trompeuses, ou les Maris fideles
Les Nobles de province, de cinq actes, en vers, 1678 ;
Crispin musicien, de cinq actes, en vers, 1674
Le Deüil, en un acte et en vers, 1672
Le Cocher suposé, d’un acte, en prose, 1685suposé, ou le Cocher de Madrid, comédie en 1 acte, avec divertissement, fut représenté pour la première fois le 9 juin 1684 : 13 représentations.
La Dame invisible, ou l’Esprit folet, de cinq actes, en vers, 1684la Dama duenda ; en 1664, Douville traita ce même sujet, sous le titre de l’Esprit folet
Le Feint Polonois, ou la Veuve impertinente, de trois actes, en prose, 1686
Les Bourgeoises de qualitésla Fête de village, 3 actes, représentée dix ans plus tard (13 juillet 1700).
Crispin médecin, de trois actes, en prose, 1680
Les Nouvellistes, en trois actes, 1678, à l’Hôtel de Bourgogne ;
La Bassette, comédie
De Villiers
Le Festin de Pierre
Les Trois Visages;
Les Ramoneurs
L’Apoticaire dévalisé
Guyot, dit Lecomte
Il étoit propre à jouer les grands confidens. les Vacances, de Dancourt, et Bastien, dans les Vendanges, autre petite comédie du même auteur.
Romainville, mort à Dresde vers 1704
C’étoit un excellent acteur pour les rôles de roy et pour le grand comique, surtout pour les rôles de Moliere. Il ne voulut jamais se présenter pour entrer dans la Troupe du Roy voulant être reçu sans être obligé de débuter. Il n’a jamais joué à ParisRomainville, comédien de campagne dès 1665 ; je le trouve à cette date à Orléans, avec les Champmeslé. Sa femme, Élisabeth De Surlis, vivait encore à Dresde en 1724